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multilingues précoces

Recueil d'articles et études sur les avantages d'une éducation bilingue ou plurilingue précoce.

27. Dr Helen Bialystok University York Canada

L’acquisition d’une deuxième langue, le bilinguisme pendant la petite enfance et leur impact sur le développement cognitif précoce
ELLEN BIALYSTOK, Ph. D.
York University, CANADA (Publication sur Internet le 15 mars 2006) (Révisé le 9 février 2009)

Introduction
Les parents et les éducateurs craignent depuis longtemps que le bilinguisme précoce affecte le développement cognitif et du langage de l'enfant.
Dans la première moitié du 20e siècle, l’opinion dominante était que le bilinguisme et l’acquisition d’une deuxième langue tôt dans la vie rendaient les enfants confus et interféraient avec leur habileté à développer des fonctions cognitives normales1 et à
réussir dans des environnements éducatifs.2
L’étude historique de Peal et Lambert3 a totalement renversé ces idées en montrant que
les personnes bilingues obtenaient des résultats supérieurs à ceux des personnes monolingues à plusieurs tests d’intelligence et dans divers aspects de la réussite scolaire.
La recherche récente est plus équilibrée et identifie des domaines où les enfants bilingues
excellent et d’autres dans lesquels le bilinguisme n’a pas d’effet sur leur développement.
Sujet
La question de l’impact potentiel du bilinguisme sur le développement de l'enfant a
toujours été importante, mais les sociétés modernes, et particulièrement le Canada, s’en
préoccupent de plus en plus. L’immigration s’est ajoutée à l’engagement officiel envers
une politique d’acquisition d’une seconde langue et de bilinguisme, et a transformé le
Canada en une nation multilingue et multiculturelle riche. Les écoles publiques, surtout
dans les centres urbains importants, accueillent de nombreux enfants pour qui l’anglais ou
le français sont des langues secondes. Ces enfants représentent une immense variété de
langues parlées à la maison et constituent souvent la majorité dans une classe. En
conséquence, il est impératif de comprendre l’impact de ces contextes linguistiques sur le
futur cognitif et éducatif des enfants.
Problèmes EUXIÈME LANGUE
Il est essentiel de disposer d’informations sur le développement linguistique, cognitif et
éducatif des enfants qui vivent dans des contextes langagiers variés si l’on veut
interpréter leur performance scolaire et évaluer leur développement. Par exemple, les
enfants dont la maîtrise de la langue de scolarisation est limitée sont certains de vivre de
plus en plus de difficultés au plan scolaire et social, et il est important d’identifier ces
difficultés pour comprendre quelle intervention ou quelle approche corrective est
nécessaire.
Contexte de la recherche
Généralement, la recherche s’effectue en classe, souvent dans des lieux où se trouvent des
enfants multilingues et monolingues. Le contexte du bilinguisme ou de la langue seconde
est important, même s’il n’est pas toujours considéré comme un aspect officiel de la
recherche. D’après les données, le fait que la langue parlée à la maison soit majoritaire ou
minoritaire, valorisée par la communauté et utilisée pour des tâches d’alphabétisation,
affecte le résultat linguistique et cognitif de l'enfant.4
En conséquence, les implications de l’expérience langagière de l'enfant devraient idéalement être examinées en prêtant soigneusement attention aux facteurs sociaux et linguistiques qui décrivent son environnement éducatif et social.
Questions clés pour la recherche
Les questions importantes concernent les résultats cognitifs et éducatifs des enfants
bilingues. Premièrement, il faut établir si l’acquisition du langage se produit au même
rythme et de la même façon chez les enfants qui apprennent deux langues simultanément
ou qui en apprennent une seconde après avoir commencé à en maîtriser une.
Deuxièmement, les enfants sont-ils capables d’acquérir des habiletés d’alphabétisation à
l’école s’ils sont bilingues ou s’ils apprennent une deuxième langue, surtout si la langue
parlée à la maison n’est pas la langue d’instruction? Enfin, y a-t-il des conséquences sur
le développement cognitif normal pour ce qui est de l’habileté de l'enfant à acquérir de
nouveaux concepts ou à exécuter divers calculs (par exemple, l’arithmétique), surtout si
l’instruction scolaire se fait dans la langue que l'enfant maîtrise le moins?
Récents résultats de recherche
Trois résultats principaux se dégagent de cette recherche. Premièrement, pour ce qui est
de la maîtrise générale du langage, le vocabulaire des enfants bilingues a tendance à être
moins développé dans chaque langue que celui des enfants monolingues dans leur
langue.5
Cependant, leur compréhension de la structure linguistique, appelée conscience
métalinguistique, est au moins aussi bonne6 et souvent meilleure7
que celle de monolingues comparables.
Deuxièmement, l’acquisition d’habiletés d’alphabétisation chez ces enfants dépend de la
relation entre les deux langues8 et du niveau de maîtrise de la langue seconde.9
Ce sont surtout les enfants qui apprennent à lire dans les deux langues qui partagent un même
système écrit (par exemple l’anglais et le français) qui font les progrès les plus rapides en
apprentissage de la lecture; les enfants dont les deux langues emploient des systèmes
d’écriture différents (par exemple l’anglais et le chinois) ne montrent aucun avantage
spécial, ni de déficience par rapport aux monolingues. L’avantage d’apprendre à lire dans
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©2006-2009 Centre d’excellence pour le développement des jeunes enfants
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deux langues demande cependant aux enfants d’être bilingues plutôt qu’apprenants de
langue seconde dont la compétence dans l’une des langues est faible.
Troisièmement, par rapport aux monolingues comparables, les enfants bilingues de quatre
à huit ans manifestent un grand avantage en matière de résolution de problèmes qui
demandent de contrôler l’attention envers les aspects spécifiques d’une manifestation et
d’inhiber l’attention envers les aspects trompeurs qui sont fondamentaux, mais associés à
une réponse incorrecte. Cet avantage n’est pas limité au traitement du langage, il inclut
diverses tâches non verbales qui demandent un contrôle de l’attention et une sélectivité
lors de problèmes comme la formation de catégories conceptuelles,10 le fait de voir
d’autres images dans des figures ambitieuses11 et de comprendre la différence entre
l’apparence et la réalité fonctionnelle d’un objet trompeur.12
Conclusion
Les résultats de ces études montrent que le bilinguisme pendant l’enfance est une
expérience importante qui a le pouvoir d’influencer la trajectoire et l’efficacité du
développement des enfants. Le résultat le plus surprenant est que ces influences ne se
limitent pas au domaine linguistique, où l’on s’attendrait à les trouver, mais qu’elles
s’étendent aussi aux habiletés cognitives non verbales. Dans la plupart des cas, le degré
d’implication de l'enfant envers une deuxième langue, défini comme la différence entre le
bilinguisme et l’acquisition de la langue seconde, est une variable importante qui
détermine le degré et le type d’influence que l’on trouve.
Ces études ont relevé trois modèles d’influence. Le premier était que le bilinguisme ne
faisait aucune différence, et que les enfants monolingues et bilingues se développent de la
même façon et au même rythme. On a découvert ceci pour les problèmes cognitifs
comme le développement de la capacité de mémorisation et les problèmes de langue
comme la conscience phonologique.
Le deuxième était que le bilinguisme désavantageait les enfants d’une certaine façon.
L’exemple principal était le développement du vocabulaire dans chaque langue.
Le troisième modèle, et le plus prévalent dans nos études, est que le bilinguisme constitue
une force positive qui améliore le développement cognitif et linguistique des enfants,
l’accès à l’alphabétisation, si les deux systèmes d’écriture correspondent, et enfin, le
développement des processus exécutifs généraux pour tous les enfants bilingues résolvant
une gamme étendue de problèmes non verbaux qui demandent de l’attention et du
contrôle. Ces habiletés exécutives de contrôle sont au centre de la pensée intelligente.
Implications
Les parents craignent souvent que le fait de parler une langue différente de celle de la
communauté à la maison désavantage leurs enfants. Ce programme de recherche apporte
des preuves solides sur l’effet positif considérable du bilinguisme à la maison. Les
inconvénients sont relativement mineurs et facilement surmontés.
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Les implications sont plus complexes pour ce qui est de la scolarisation. Le succès des
enfants à l’école dépend beaucoup de leur maîtrise de la langue d’instruction, une relation
qui s’applique à d’importantes activités linguistiques (comme l’apprentissage de la
lecture), à des sujets quantitatifs non verbaux (comme les mathématiques) et aux
programmes d’enseignement à contenu (par exemple les études sociales). Dans tous ces
cas, les enfants doivent bien connaître les formes et les significations de la langue de
scolarisation et bien savoir la lire.
Il se peut que les enfants bilingues ne soient pas au même niveau que leurs pairs
monolingues et que les apprenants d’une langue seconde qui ne parlent ni l’anglais ni le
français à la maison n’aient pas acquis les habiletés nécessaires dans la langue
d’instruction pour réussir à l’école.
D’après les données sur les bénéfices considérables et positifs du bilinguisme, et d’après
les preuves indiquant que les enfants bilingues ne sont pas handicapés au plan cognitif,
l’école joue un rôle important en procurant à ces enfants un moyen de bâtir des
compétences linguistiques dans la langue de scolarisation afin de pouvoir participer
pleinement à la classe et profiter au maximum de leur expérience éducative.
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RÉFÉRENCES
1. review in Hakuta K. Mirror of language: the debate on bilingualism. New York,
NY: Basic Books; 1986.
2. Macnamara JT. Bilingualism and primary education: a study of Irish experience.
Edinburgh, Scotland: Edinburgh University Press; 1966.
3. Peal E, Lambert WE. The relation of bilingualism to intelligence. Psychological
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4. Cummins J. Linguistic interdependence and the educational development of
bilingual children. Review of Educational Research 1979;49(2):222-251.
5. Oller DK, Eilers RE, eds. Language and literacy in bilingual children. Cleveden,
England: Multilingual Matters; 2002.
6. Bialystok E, Majumder S, Martin MM. Developing phonological awareness: Is
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8. Bialystok E, Luk G, Kwan E. Bilingualism, biliteracy, and learning to read:
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learning to read in two writing systems. Journal of Educational Psychology.
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10. Bialystok E, Martin MM. Attention and inhibition in bilingual children: Evidence
from the dimensional change card sort task. Developmental Science
2004;7(3):325-339.
11. Bialystok E, Shapero D. Ambiguous benefits: the effect of bilingualism on
reversing ambiguous figures. Developmental Science 2005;8(6):595-604.
12. Bialystok E, Senman L. Executive processes in appearance-reality tasks: The role
of inhibition of attention and symbolic representation. Child Development
2004;75(2):562-579.

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